Face à la guerre contre le Mexique et l’esclavage au Etats-Unis qui sévit dans les années 1840, Henry David Thoreau, encore très jeune, réfléchit à une nouvelle forme de rébellion contre le gouvernement américain. Ses réflexions le poussent à ne plus payer ses impôts et de désobéir face à des institutions qu’il juge illégitimes et mauvaises.
Son interrogation se résume à plusieurs questions : « Qu’est-ce qu’un honnête citoyen ? Pourquoi s’affilier à une société ? Pourquoi accepter de vivre dans un Etat dont on n’approuve pas les lois ? »
(Portrait d’Henry David Thoreau)
L’auteur américain su Massachusetts s’exclame « Je, soussigné, Henry Thoreau déclare par la présente de ne pas souhaiter que l’on me considère comme membre d’une quelconque société constituée à laquelle je ne me suis pas affilié. » Plus loin, un définition de la désobéissance civile prend forme « Un ou plusieurs citoyens, motivés par l’éthique transgressent délibérément de manière publique, concertée et non violente une loi en vigueur pour exercer une pression visant à faire abroger la loi par le législateur »
Qu’est-ce qu’un bon gouvernement ?
Très simplement, Henry David Thoreau répond « Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins » et même « le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout » avant d’ajouter « Le gouvernement n’est que la modalité selon laquelle le peuple a choisi d’exercer ses modalités »
Sa critique de l’Etat se précise : « L’Etat n’est doué ni d’un esprit supérieur ni d’une honnêteté supérieure, mais uniquement d’une force physique supérieure. La seule force à laquelle j’obéis est celle qui a une loi supérieure équivalente à la mienne »
De sa vision du gouvernement découle sa vision du citoyen. Qu’est-ce qu’un bon citoyen ? C’est quelqu’un qui obéit à sa conscience davantage qu’il n’obéit qu’à des lois. Etant donné que tous les hommes ont une conscience, pourquoi ne pas l’utiliser ? Il est moins souhaitable de cultiver le respect de la loi que le respect du bien moral.
Les sources intellectuelles
Pour parfaire sa pensée, l’écrivain américain s’inspire de William Paley et de son ouvrage Principes de philosophie morale et politique (1785). Pale affirme : « La nature juste ou injuste de chaque cas particulier de résistance au gouvernement se trouve réduite à un calcul entre d’un côté la quantité de danger et de souffrance et de l’autre, la probabilité de l’accomplissement de la réforme ainsi que son coût. »
(Principes de Philisophie morale et politique de William Paley)
Thoreau répond « Si j’ai injustement arraché une planche à un homme, je dois absolument lui rendre sa planche, même si je me noie ».
Dans la même lignée de Paley, Thoreau affirme qu’il ne faut pas attendre que l’Etat intervienne pour les progrès humains et sociaux car ses agissements sont trop lents.
Thoreau emprisonné
Mis en prison pour ses essais subversifs, Thoreau développe sa vision du citoyen. Il déclare « Il est de mon devoir, en tout état de cause, de m’assurer que je ne contribue pas au mal que je condamne »
Sa vie en prison est le moyen d’évoquer sa vertu : « Quand on nous vole un euro, le plus important n’est pas tant de récupérer cet argent mais plutôt de savoir comment faire en sorte que cet agissement ne se reproduise plus ». Il ajoute « La meilleure chose qu’un homme puisse faire pour sa culture lorsqu’il est riche est de s’efforcer de mener à bien les projets qu’il nourrissait lorsqu’il était pauvre. »
Conclusion
Thoreau reste aujourd’hui un symbole de la jeunesse qui se rebelle. C’est également un symbole de résistance pacifique. De nos jours, les actions de résistances pacifiques sont nombreuses (ZAD, démantèlement de MacDonalds)
Devons-nous véritablement calculer à chaque fois nos probabilités de gagner dans la révolte ou devons-nous nous révolter simplement parce qu’il est bon de résister ?