Grand classique de la littérature française du XXème siècle, Bonjour tristesse (1954) ouvre une véritable rupture. Dès sa sortie, le livra fait scandale à l’époque d’une IVème République encore très conservatrice et peu ouverte à d’autres moeurs.
Les thème abordés par le roman sont pluriels (sexualité chez une fille de 18 ans, conquêtes amoureuses et légèreté des relations, jeu de relations amoureuses). Surtout, c’est le style qui contraste avec le reste de la littérature de l’époque. C’est un style introspectif à la première personne qui n’hésite pas à dévoiler les sentiments les plus profonds et surtout tabous (amour presque incestueux de Cecile pour son père, Cecile qui souhaite faire rompre Anne et son père).
Un nouveau courant philosophique se développe dans le champ intellectuel français : la phénoménologie. Au départ de cette nouvelle approche philosophique, Husserl qui voit rapidement d’autres intellectuels utiliser cette démarche parmi lesquels une certaine Simone de Beauvoir et le fameux Deuxième sexe (1949). Le but est simple, utiliser la première personne et construire une argumentation autour de toutes les institutions qu’une personne a fréquentée pour parvenir à des vérités.
(Le Deuxième sexe, grand ouvrage féministe de phénoménologie)
Dans Bonjour tristesse, le but n’est pas d’arriver à des vérités générales mais plutôt à la vérité même du récit dans sa brutalité et les ressentis de Cecile, mêlés entre fascination de classe et haine de classe à l’encontre d’Anne. Parmi les thèmes traités, la question du rôle de la femme est évoqué entre « Maman et putain ». Est-ce qu’une femme doit obligatoirement devenir mère ? Si elle le souhaite, comment appréhender le dualisme permanent des sociétés patriarcales entre le rôle de la « maman » et celui de la « putain ». Jean Eustache s’est très certainement inspiré de Sagan pour son film qui fit également scandale La maman et la putain (1973).
(Le film de Jean Eustache fit un grand scandale à Cannes)
Enfin, le roman est l’occasion de mettre en avant une catégorie sociale qui s’affirme à partir de la fin des années 1950, la jeunesse avec un mouvement sociologique et cinématographique phare : la Nouvelle vague. Les enquêtes de Françoise Giroud à l’Express sur la jeunesse en 1957 font démarre la Nouvelle vague. Le mouvement devient cinématographique avec les fameux films auto-biographiques de Français Truffaut sur la jeunesse avec Jean-Pierre Léaud dans le rôle d’Antoine Doinel dès Les 400 coups (1958).
(Les 400 coups de François Truffaut, film mythique représentant la jeunesse pour la première fois)
Gardons en mémoire l’audace et la qualité d’écriture de François Sagan et Bonjour tristesse. Plus que jamais ce roman est une porte d’entrée vers une littérature féminine et féministe des années 1950 dans la lignée des écrits de Simone de Beauvoir)
Gauchistement votre,
Le Gauchiste