Historienne spécialiste du XIXème siècle et des révolutions, Mathilde Larrère nous propose une chronologie simple et efficace sur les principales révolutions de l’époque contemporaine dans son ouvrage Il était une fois les révolutions (2019). L’objectif est clair : nous proposer un panorama large et succinct des différentes époques révolutionnaires pour en extraire toute la substance subversive.

(Un article avait été consacré à La dynamique de la révolte d’Eric Hazan de 2015 où l’essayiste français avait étudié d’où les révoltes démarraient et comment elles se constituaient)

Est-ce qu’une révolution est encore possible ? L’article consacré à l’ouvrage La dynamique de la révolte (2015) d’Eric Hazan nous avait donné quelques perspectives. Une épistémologie de l’histoire sérieuse nous pousse à comprendre qu’il est impossible de prédire quoi que ce soit. l’historien n’est pas là pour prédire. Au mieux il tente de reconstituer un passé et d’en faire un « roman vrai » comme le dit Paul Veyne dans son essai Comment on écrit l’histoire ? (1971)

(Paul Veyne dans son ouvrage d’épistémologie Comment on écrit l’histoire ? de 1971, dans la lignée de la thèse universitaire de Raymond Aron de 1937, nous fait part de son septicisme sur le fait que l’histoire puisse nous offrir une connaissance satisfaisante du passé)

Dès lors, pourquoi faire un livre sur les révolutions sachant que notre connaissance possible des révolutions futures est faible si ce n’est presque inexistante ? Pour Mathilde Larrère, le but est de comprendre les filiations qui existent entre les différentes révolutions. En tant que militante féministe, elle analyse par exemple pourquoi le mouvement révolutionnaire féministe s’est si peu solidarisé avec le mouvement ouvrier.

(Un article avait été consacré au mouvement féministe révolutionnaire des années 1970 et sa réticence à rejoindre le mouvement autonome ouvrier)

La lecture de cet ouvrage nous fait comprendre l’évolution des principales revendications des révolutionnaires. Alors que la Révolution française ouvre une première page en demandant des droits civiques et des libertés, la deuxième révolution française de 1830 réclame la liberté totale et l’égalité totale. Il faut attendre la troisième révolution française de 1848 pour que les bases révolutionnaires les plus radicales soient posées (abolition de l’argent, de la propriété, du salariat).

(Iconographie devenue célèbre d’un communard)

C’est lors de la quatrième révolution française (la Commune de Paris en 1871) que toutes les revendications arrivent à leur paroxysme et se mettent en place. Le XIXème siècle laissait les artisans et autres ouvriers faire la révolution. Le XXème siècle apporte une donne nouvelle. Désormais, les paysans et les étudiants entrent en action.

Loin d’être un ouvrage d’histoire à proprement parler, le livre de Mathilde Larrère est un condensé de ressources historiographiques de beaucoup de périodes qu’il s’agira de creuser pour en extraire tout le contenu subversif. A défaut de développer certains points précis, ce panorama est l’occasion de revivre avec joie des épisodes parfois oubliés qui réaniment nos pulsions gauchistes lorsqu’elles reviennent à nous.

(Mathilde Larrère nous propose cet ouvrage paru en 2019 chez les éditions du détour où elle tente de créer de filiations entre les différentes révolutions tout en gardant sa touche d’humour)

Gardons en mémoire les travaux actuels faits sur les révolutions malgré les déceptions que la discipline historique peut nous amener à expérimenter. A défaut de vivre une révolution demain (car une révolution ne se raconte pas, elle se vit), Mathilde Larrère use de l’humour et de beaux mots pour raviver quelques flammes éteintes.

Gauchistement votre

Le Gauchiste