Né à Vienne en 1923 et mort en 2007, l’oeuvre intellectuelle d’André Gorz est riche. Il est notamment influencé par Jean-Paul Sartre et son essentialisme ainsi que par Herbert Macuse et l’Ecole de Francfort. Il co-fonde le journal L’Obs sous le nom de Michel Bosquet et s’engage pour l’écologie radical où il s’intéresse particulièrement à l’autonomie de l’individu.

Traversant la Seconde Guerre mondiale puis les années 1970, Gorz a vu l’évolution des préoccupations et la montée en puissance de la question écologique. Face à l’inaction des Etats, il nous questionne, que voulons-nous et comment pensons-nous l’obtenir (réformes, révolutions) ?

 

 

Maudite croissance

 

André Gorz part de l’idée que pour produire toujours davantage, le capitalisme doit créer des situations productions adéquates et donc produire pur remplacer ce qui polluait trop. De fait, une inflation se crée forcément avec une baisse du taux de profit et une baisse des salaires à terme.

En faisant un parallèle avec la crise pétrolière, Gorz considère que la crise écologique va rendre les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. Tant que raisonnerons en termes de croissance, nous accepterons que les inégalités s’accroissent et notre impuissance.

(Une du journal La Décroissance évoquant la réduction du temps de travail)

 

 

Travailler pour quoi ?

 

Outre la question du sens de la croissance qui n’en a plus en voyant le désastre écologique se profiler, André Gorz se demande : Pourquoi travaillons-nous étant donné que nous produisons beaucoup plus et qu’il y a beaucoup moins de travail à produire pour créer cette richesse ?

Nous travaillons au nom de la valeur travail alors que celle-ci devient une blague. Toute la désindustrialisation provoque du chômage structurel que le capitalisme ne peut résorber. La question est simple : comment redistribuer socialement le travail dans une « société duale » où il y a d’un côté les gagnants et de l’autre les perdants ?

(Affiche sur la critique du temps de travail)

Les Etats-Unis et le Japon proposent une solution : développer les services. Mais quelle valeur ajoutée apportent les services ? Absolument aucune. Ce salariat n’existe que parce que des gens ont trop d’argent et peuvent payer des services, pourquoi ne pas alors d’emblée partager cet argent ?

Dès lors, la création d’emploi sert avant tout à faire gaspiller du temps car il n’y a aucune véritable valeur ajoutée à un service. Cel revient à dire qu’on emploie des gens pour les occuper alors qu’une simple redistribution leur permettrait de gagner autant sans travailler inutilement.

Voilà le vrai destin de la gauche : faire en sorte que le monde ne soit pas marchandisé comme aujourd’hui, garantir des revenus et surtout partager le travail.

 

 

 

Bâtir la civilisation du temps libéré

 

Pour expliquer sa pensée, Gorz donne sa définition de l’économie « L’économie n’a pas pour tâche de donner du travail, de créer de l’emploi. Sa mission est de mettre en oeuvre, aussi efficacement que possible, les facteurs de production, c’est-à-dire de créer le maximum de richesse avec le moins possible de ressources naturelles, de capital et de travail. »

(Karl Marx parle de la réduction du temps de travail dans le chapitre X du Capital)

Ricardo, que Marx aimait tant disait « La richesse est liberté, elle est temps disponible et rien de plus. » Contrairement aux expériences allemandes et hollandaises des années 1970, André Gorz souhaite une réelle autogestion du temps et des activités afin de sortir la population du divertissement. 

 

(Bâtir la civilisation du temps libéré d’André Gorz)

 

Gardons en mémoire les travaux d’André Gorz en tant que précurseur de la décroissance et de l’écologie radicale dont les thématiques étaient en avance sur son temps. Travaillons désormais ces thématiques, dans un temps libéré…

 

Gauchistement votre,

 

Le Gauchiste