Décédée il y a peu bell hooks nous laisse une oeuvre qui a été finalement peu médiatisée. Elle s’est particulièrement intéressée à une dimension peu étudiée du féminisme : la question de la masculinité féminine.

Son étude porte sur deux éléments principaux, à savoir l’étude des aliénations provoquées par le patriarcat sur la masculinité ainsi que les possibilités de sortir d’une masculinité patriarcale pour aller vers une masculinité féministe.

La masculinité au sein des études féministes

bell hooks rappelle que Barbara Deming est une des premières femmes à avoir voulu introduire la question des hommes au sein des groupes de réflexion féministes. Pour hooks, si les femmes ne disent pas ce qu’elles ont à dire sur les hommes, c’est par construction sociale car ça révélerait les tactiques quotidiennes de la domination masculine.

La question de la masculinité d’un point de vue féministe est d’emblée importante car comme le rappelle l’autrice américaine : « Dans la culture patriarcale, nous apprenons à aimer les hommes d’autant plus que nous savons qu’ils ne nous aimeront pas. » Pour elle, les féministes réformistes insistent sur la tout puissance des hommes mais oublient de parler de la misère affective de hommes.

Barbara Deming insiste sur cette idée : « Je pense que la raison pour laquelle les hommes sont si violents, c’est qu’ils savent, au fond d’eux-mêmes, qu’ils vivent dans le mensonge, et qu’ils sont donc furieux d’être pris à mentir. Mais ils ne savent pas comment briser ce mensonge… Ils enragent de vivre dans le mensonge – ce qui veut dire qu’au fond d’eux-mêmes, quelque part, ils cherchent à s’en délivrer, qu’ils sont nostalgiques de la vérité. » Pour hooks, les femmes ne conceptualisent peu le fait qu’elles participent aussi à leur façon au patriarcat. Elles oublient que le patriarcat est davantage néfaste que positif pour les hommes.

Le preuve en est qu’il existe peu d’études féministes sur l’éducation des jeunes garçons. James Gabardino dans son livre Raising Cain explique que les garçons sont éduqués dès leur plus jeune âge à ne pas exprimer leur émotions. Bell hooks note que l’auteur estime qu’on pourrait faire une éducation anti-patriarcale efficace sans remettre en cause le système patriarcal dans sa totalité, or c’est une erreur.

Guérir les hommes

Ainsi, pour enrayer la masculinité patriarcale, il faudrait développer les études sur des masculinités alternatives. Andrea Dworkin a le courage de parler de la violence masculine et de son possible dépassement dans Scapegoat (2000). Terrence Real ajoute « La chorégraphie du patriarcat, ce mélange malsain, d’amour, de manque et de violence n’épargne personne. »

Franck Pittman insiste « Si la plupart d’entre nous souhaitent être aimés, ceux qui veulent garder le contrôler sont prêts à renoncer à l’amour si c’est le prix à payer pour être le patron. » Être le patron ne requiert pas d’un homme qu’il soit en bonne santé affective, capable de donner et de recevoir de l’amour. »

Cette guérison des hommes doit alors se faire dans tous les environnements sociaux. Dans la sexualité Si les hommes sont si violents, c’est parce que c’est le domaine où le patriarcat les laisse être le plus violents. Sans cette violence dans le sexe, peut-être que beaucoup d’homme se seraient déjà rebellés contre le patriarcat. Dans le travail, l’arrivée des femmes sur le marché du travail n’a pas vraiment détérioré les conditions des hommes travailleurs. Par contre, les femmes ont gagné en indépendance et demandent plus de lien affectifs avec leur compagnon et c’est cela qui fait enrager les hommes.

Gauchistement votre

Le Gauchiste