Introduction
Le Manifeste du parti communiste forme une Œuvre littéraire parmi celles les plus largement diffusées dans le monde entier et qui marque un tournant dans le monde ouvrier.
Elle est une œuvre révolutionnaire et aux prémices de nombreuses théories socialistes à partir d’une développée par Marx : le marxisme
Aux origines du Manifeste du Parti Communiste
Emergence de l’idée du communisme de Marx et Engels
Etant jeune, Marx soutient l’hégélianisme de gauche tout en étant critique sur la pensée de Hegel. Rapidement, il abandonne son cursus universitaire car les idées qu’il veut défendre sont bannies.
Le philosophe allemand se lance dans le journalisme en 1842. Très rapidement, il comprend l’antagonisme entre les classes et défend les plus opprimés qui ne possèdent presque rien.
Karl Marx arrête journalisme en 1843 et souhaite s’imprégner du réel pour comprendre le monde. Pour lui, la politique n’est que le prolongement de la philosophie, dont le but est de permettre à l’homme de se libérer de ses aliénations.
L’historien allemand devient communiste en 1843 en reprenant les idées de Feuerbach. En s’intéressant aux dominés, Karl Marx comprend que seule l’abolition de la propriété privée peut faire cesser la lutte des classes et libérer le prolétariat. Il rencontre les ouvriers à Paris à partir de 1844.
La rédaction de L’idéologie allemande en 1844 expose les débuts du matérialisme historique de Marx et Engels avec l’idée que la philosophie n’est pas seulement là pour expliquer le monde, elle doit aussi le transformer.
Débuts des mouvements ouvriers en Europe
Les premiers mouvements ouvriers débutent en France en 1830 lors de la Révolution de Juillet. Suite à ces évènements, des intellectuels se regroupent en Allemagne pour défendre la liberté d’opinion, de la presse et de manifester.
Quelques années plus tard, la Ligue des Justesse constitue en 1836 à Paris. Wilhelm Weitling en est à l’origine. Elle est rebaptisée la Ligue des communistes en 1847 sous l’influence de Karl Marx et Friedrich Engels.
(Portrait de Wilhelm Weibling)
Très rapidement, cette organisation devient communiste dans le sens marxien. Le slogan « Tous les hommes sont frères » est remplacé par « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Le but de l’association est désormais clairement communiste avec la chute de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat.
Rédaction et publication du Manifeste communiste
La Ligue des communistes charge alors les deux personnalités dominantes de rédiger un Manifestepour faire part des intentions de l’association.
Marx et Engels parcourent l’Europe en 1847 et vont à la rencontre des ouvriers. Ces rencontres modifient leur approche du communisme et le rend encore plus radical.
(Illustration de Marx et Engels)
L’ouvrage est publié en 1848 mais connaît un succès plus que limité. Il est seulement traduit en deux langues étrangères (suédois et anglais).
Le procès des communistes à Cologne en 1852 provoque la dissolution de la Ligue des communisteset annihile la propagation de leur Manifeste. Il faut attendre 1872 pour voir le livre trouver son lectorat et devenir une œuvre de référence.
Le Manifeste, entre matérialisme historique et lutte des classes
Le Matérialisme historique
La grande révolution du Manifeste est celle du matérialisme historique. Cette conception philosophique pose le constat que désormais, On dirige avec les idées.
Seulement, les idées viennent de la base matérielle dans laquelle on vit. C’est en cela que la bourgeoisie a adapté ses idées de liberté en créant le système capitaliste.
La classe prolétaire a conscience de sa domination mais malheureusement, elle ne sait pas comment sortir de cette domination. Il faut développer sa conscience pour soi et rendre le socialisme scientifique.
Le matérialisme historique pose aussi l’idée que la classe sociale qui domine change avec les évolutions. L’aristocratie dominait pendant l’Ancien Régime et la bourgeoisie l’a renversée en prenant le pouvoir lors de la Révolution française. L’établissement du communisme n’a pas pour objectif de mettre une nouvelle classe sociale au pouvoir mais de supprimer toutes les classes.
Ainsi, il faut supprimer la propriété privée des moyens de production. Il n’y aura pas que les prolétaires qui seront libérés mais l’humanité entière. C’est la classe ouvrière qui réalisera le communisme car c’est son rôle historique.
Lutte des classes
« L’histoire de toutes sociétés jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. » Le propos est clair, net et précis. L’orientation du Manifeste est donnée.
(Photographie de Friedrich Engels)
La classe bourgeoise fait se poursuivre l’oppression d’une classe sur une autre, d’une façon qui n’avait jamais été aussi forte. Désormais, il y a deux camps, ceux qui possèdent les moyens de production et ceux qui ne les possèdent pas. Elle a détruit les liens féodaux. Désormais, seuls les liens en « paiement comptant » existent.
La bourgeoisie a transformé toutes les libertés en une seule : la liberté de commerce et par ce biais, elle a réduit au salariat les médecins, juristes, prêtes ou encore les poètes.
Elle a également concentré son pouvoir en un petit nombre de mains et s’est exportée de façon brutale dans le monde en créant des dominations toujours plus fortes (Ex : Villes contre campagnes et Occident contre Orient).
Parmi les classes dominées (classe prolétaire et classe moyenne), seule la classe prolétaire est véritablement révolutionnaire car l’autre (la classe moyenne) ne souhaite pas la révolution ; elle est même plutôt réactionnaire et aimerait faire tourner le sens de l’histoire vers le passé.
Face à cette domination, le prolétariat tente de s’organiser, mais une faible partie seulement passe de la conscience en soi à la conscience pour soi (sentiment d’appartenance à la classe prolétaire). Les révoltes ne sont pas encore politiques car chacun tente d’améliorer sa situation sans changer le système global en place.
Une nouvelle société
Le temps d’avance du modèle du parti communiste par rapport aux partis ouvriers
Les prolétaires commencent à s’organiser dans les années 1840. Pour autant, les partis sont peu développés et on constate rapidement que les communistes défendent tout autant les prolétaires que les partis ouvriers.
Le modèle du parti communiste possède même un avantage supplémentaire : l’apport philosophique du matérialisme historique et de la lutte des classes fait qu’il comprend mieux les ouvriers et les arme mieux dans leurs luttes.
Tout comme les partis ouvriers, les partis communistes peuvent résumer leur théorie en une seule expression : l’abolition de la propriété privée
Quelle propriété ? Quelle répartition de la richesse ?
Le principal reproche fait au communisme est l’abolition de la propriété. Or, la seule propriété que le communisme veut abolir est celle qui aliène : celle de la propriété privée bourgeoise.
(Photographie de Karl Marx)
Le problème est que l’ouvrier ne crée pas sa propriété, il crée du capital, c’est-à-dire la propriété qui exploite le salarié et ne peut se développer qu’à la condition de créer encore et encore du travail salarié pour l’exploiter de nouveau.
Le capital est à la fois une propriété personnelle et une propriété sociale, c’est-à-dire que la propriété du capital est déterminée par sa position sociale. C’est pour cela qu’il faut transformer le capital en propriété collective.
Chacun s’indigne de l’abolition de la propriété privée. Seulement, dans la société actuelle, la propriété privée est abolie pour les 9/10 de ses membres.
Au contraire de cette vision bourgeoise de la propriété, le communisme souhaite abolir la propriété qui suppose comme condition nécessaire l’absence de propriété pour l’immense majorité de la société.
Droits des femmes, droits des ouvriers, droits des prolétaires
En s’intéressant aux droits des prolétaires, le Manifeste élargit sa vision du prolétariat à la condition de la femme. Pour Karl Marx et Engels, la femme n’est qu’un objet dans la vision bourgeoise, elle est un instrument de production pour son mari.
Les bourgeois s’insurgent contre les communistes. Pour autant, ce sont eux, ces mêmes communistes, qui veulent créer une communauté des femmes pour défendre leurs intérêts, tout comme la communauté des ouvriers.
Marx et Engels défendent également les ouvriers face à leurs contradicteurs bourgeois. Selon eux, les ouvriers n’ont pas de patrie et on ne peut leur prendre ce qu’ils n’ont pas.
La bourgeoisie efface la notion de nation avec la liberté de commerce, le libre-échange et l’uniformité de la production industrielle. Le prolétariat les effacera davantage encore.
Propositions politiques
Après avoir développé les notions de matérialisme historique et de lutte des classes, les deux intellectuels allemands présentent un court programme qui reprend beaucoup de leurs idées communistes. Parmi elles :
° Expropriation de la propriété foncière et utilisation de la rente foncière pour les dépenses de l’Etat
° Impôt progressif élevé
° Abolition du droit d’héritage
° Centralisation de tous les transports entre les mains de l’Etat
L’objectif final est de faire disparaître les différences de classes et de faire en sorte que toute la propriété appartienne aux individus associés. Les pouvoirs publics ne peuvent que perdre leur caractère politique.
(Couverture du Manifeste du parti communiste)
Conclusion
Marx et Engels terminent leur Manifeste par cette formulation devenue célèbre : « Que les classes dominantes tremblent devant une révolution communiste. Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaines. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! »
Rappelons-nous cette révolution intellectuelle que fut celui du matérialisme historique et l’idéologie communiste qui nous berce encore aujourd’hui dans des espoirs de société nouvelle.
Gauchistement votre,
Le Gauchiste